Vous venez d’être nommé coordinateur régional et délégué national à l’animation du parti Reconquête ! Pourquoi si tard, alors que vous vous êtes rapproché d’Éric Zemmour il y a plusieurs mois ?

Tous mes choix en politique sont toujours pensés, mûris et collectifs. Je suis à la tête du premier groupe d’opposition à la ville de Nice, à la métropole Nice Côte d’Azur, et au cœur d’un collectif d’élus au conseil régional. Je voulais d’abord en discuter avec eux. J’ai donc eu une phase d’observation, durant laquelle j’ai été particulièrement impressionné par l’université d’été, la mobilisation, la qualité des débats et des intervenants. Cela faisait longtemps que je n’avais pas senti une telle émulation intellectuelle dans un mouvement politique.

​Je veux surtout aller là où je me sens libre, utile et efficace. Après avoir fait la campagne de Marine Le Pen, le RN m’a sanctionné aux législatives, tandis que tous les élus municipaux et métropolitains qui ont soutenu ma candidature ont été congédiés sans la moindre discussion.

Quel est l’état de Reconquête ! en Paca ?

​La région Paca est une région phare pour Reconquête !. Éric Zemmour y a fait 12 % à la présidentielle, 14 % dans les Alpes-Maritimes. Nous y avons des fédérations importantes en nombre d’adhérents et un important réseau d’élus. Nous avons les premiers groupes d’opposition à Nice et à Cagnes-sur-Mer, des élus à Antibes et dans plusieurs autres communes. Sans parler de Stéphane Ravier à Marseille, Marc-Étienne Lansade à Cogolin.

La région et surtout les Alpes- Maritimes restent dominées par Les Républicains (LR). Comment allez-vous les concurrencer ?

​C’est une persistance à l’échelle nationale qui finira par s’étioler. Leur dilemme est toujours celui du positionnement politique, de ménager la droite et le centre. Mais à la fin, c’est toujours le centre qui gagne. Je ne vois pas quelle est la capacité de rénovation du mouvement, dont la candidate est arrivée loin derrière Éric Zemmour, ce qui propulse, de fait, Reconquête ! comme le premier parti de droite. Sur le département aussi, l’espace de LR est amené à se réduire. Tant que Les Républicains et le RN ne comprendront pas que les victoires de l’avenir se construisent dans une logique de coalition, la droite ne pourra pas réellement l’emporter face au centre gauche macroniste.

À Nice, qui peut revendiquer le leadership de la droite entre Philippe Vardon, Éric Ciotti et le Rassemblement national ?

​Le Rassemblement national n’existe plus à Nice. Il n’y a pas de locaux, pas de militants, pas d’élus, c’est une réalité objective. C’est le groupe d’élus que je mène qui incarne la droite niçoise au quotidien. La question serait plus intéressante à poser à Christian Estrosi, mais la réponse serait sans doute semblable.

​Nous menons le combat au conseil municipal, au conseil métropolitain et tout le reste de l’année sur le terrain. Il y a deux conseillers municipaux ciottistes, Gaëlle Frontoni et Bernard Chaix, en fait élus sur la liste de Christian Estrosi, puis exclus de la majorité municipale, mais qui votent 99 % des délibérations qu’elle présente. Dès qu’il s’agit de faire acte de courage et de voter avec nous, ils décident d’aller aux toilettes ou de passer un coup de fi l. Quant à Éric Ciotti, il a soutenu Renaud Muselier face à Thierry Mariani aux régionales de 2021. Sur l’islamisation de notre ville, sur la fiscalité, sur le patrimoine, sur la façon dont la ville se métamorphose, et pas en bien, c’est le groupe Retrouver Nice de la droite et des patriotes qui mène la bataille. Personne d’autre.

Malgré tout, comment comptez-vous élargir ce créneau entre les titans Estrosi et Ciotti pour l’emporter aux prochaines municipales ?

​Le combat pour les municipales sera mené de la même façon qu’il est mené aujourd’hui. La politique, cela se fait étape par étape. Il nous faut agrandir notre influence sur la politique niçoise. On n’emporte pas toutes les victoires mais on mène toutes les batailles. Dans notre groupe municipal, il n’y a plus seulement Philippe Vardon, mais des élus qui incarnent quelque chose, chacun dans leurs secteurs, comme Jean Moucheboeuf, que les Niçois incarnent désormais.

​Quant à notre démarche, elle restera toujours la même : celle du rassemblement le plus large possible. Nous sommes prêts à discuter, en tant que première opposition, avec tout le monde sur une base politique. Mon objectif est d’en finir avec le système Estrosi dans cette ville, ce département et cette région, et pas pour le remplacer par un système clone. Je n’ai pas de problème personnel avec Christian Estrosi, mais un énorme problème politique.

​Comme Valeurs actuelles l’a révélé récemment, durant l’affaire des subventions clientélistes du conseil régional, Nice est considérablement mieux servie sous Renaud Muselier et Christian Estrosi qu’elle ne l’était sous Michel Vauzelle. Cela vous réjouit-il ?

​Nice a en effet plus d’argent aujourd’hui que sous le socialiste Vauzelle, qui lui-même était très généreux à l’égard de sa commune d’Arles. Mais il y a une forme de rééquilibrage. J’ai suivi cette polémique sur les subventions, je dois le dire, de manière un peu amusée. Je vois les uns et les autres se renvoyer la balle, mais c’est un système qu’ils ont construit tous ensemble. Ils ont mené un certain nombre d’élections et dirigé des collectivités côte à côte. Mais d’un coup, ils se rendent compte que dans les collectivités, quelles qu’elles soient, même si c’est exacerbé dans les Alpes- Maritimes et en Paca, la distribution des subventions se fait en fonction des affinités politiques ou personnelles.

​Ce n’est pas une découverte absolue. Et cela ne vaut pas que dans le domaine des subventions aux collectivités. On aurait tout intérêt à s’intéresser aussi à celles votées aux associations. Avec notre groupe, nous avions défendu un amendement très simple, pour que les associations subventionnées ne prennent plus part au débat électoral. Car nous avions face à nous des gens qui venaient au secours des présidents de collectivité et maires qui les subventionnaient, avec l’argent de tous les contribuables, y compris de ceux qui ne votent pas dans leur sens. L’amendement a toujours été rejeté. Il n’y a pas plus pure démonstration de clientélisme.

Entretien paru dans Valeurs Actuelles le 25 novembre 2022

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