Notre pays entame un troisième quinquennat sous un Président de centre-gauche. Lors de la décennie écoulée, l’insécurité s’est répandue à tout le territoire, l’immigration a battu tous les records, les prétendus progrès sociétaux ont introduit la théorie du genre dans les écoles de nos enfants et la dette publique s’est envolée en même temps que la qualité des services publics reculait.

Pourtant, sondage après sondage, les Français réclament le retour à l’ordre, l’arrêt de l’immigration incontrôlée et l’affirmation de nos valeurs, ou encore plébiscitent le travail face à l’assistanat. Comment ne pas voir dans les divisions de la droite l’une des explications majeures de ce décalage entre l’opinion et les trois défaites présidentielles consécutives face à la gauche ?

En Italie, Giorgia Meloni, dirigeante du parti Fratelli d’Italia et probable futur chef du gouvernement, a su tracer un tout autre chemin vers la victoire.

La victoire des convictions d’abord. Giorgia Meloni et son parti se sont imposés en tenant bon sur leurs positions et en refusant les compromissions, notamment en rejetant l’offre de participer aux gouvernements dits « techniques » et en réalité technocratiques et anti-démocratiques. Menant la bataille culturelle tout autant que celle de l’implantation dans les territoires, participant au combat des idées (notamment avec une grande rencontre annuelle de débats pouvant être comparée à une Fête de l’Humanité de droite) tout autant qu’à la direction de grandes collectivités, Fratelli d’Italia récolte les fruits de sa persévérance.

La victoire de l’union ensuite. La coalition victorieuse de Giorgia Meloni regroupe, outre les conservateurs de Fratelli d’Italia, la droite populiste et identitaire de la Lega, le centre-droit libéral et entrepreneurial de Berlusconi ou encore les centristes héritiers de la démocratie chrétienne. Pour tenter un parallèle, on retrouve derrière Giorgia Meloni à la fois Reconquête (proche de Fratelli sur la ligne), LR, le RN et le Modem !

Même lorsqu’ils ont divergé, jamais Giorgia Meloni n’a rompu le contact et le dialogue avec ses partenaires naturels. Et si elle domine largement électoralement au sein de la coalition, elle n’en méprise pas pour autant ses alliés, y compris la coalition centriste qui lui amène 1%. En toute logique, elle considère que chaque point est précieux.

Un pragmatisme qu’on aimerait voir partagé de ce côté des Alpes… Récemment interrogé dans les colonnes de Nice Matin, le candidat à la présidence du RN Louis Aliot déclarait que l’union des droites « ne pouvait pas exister », oubliant un peu vite que c’est notamment le soutien des électeurs de droite qui lui a permis de devenir député puis maire de Perpignan.

Qu’en est-il chez les Républicains ? Là aussi, les deux prétendants à la présidence du parti, Eric Ciotti et Bruno Retailleau – représentant pourtant, chacun à leur manière, la tendance de droite du parti – répétent en boucle qu’ils ne feront pas d’alliances avec le RN ou Reconquête.

Que ce soit par esprit partisan ou par soumission à la gauche morale, cet enfermement  conduit les uns comme les autres à l’impuissance politique.

En 2027, cela fera 15 ans que la gauche préside aux destinées de notre pays. Pour nous sortir de cette spirale, chacun doit prendre ses responsabilités : d’abord se parler, ensuite se rassembler.

PHILIPPE VARDON

Conseiller municipal et métropolitain, Président du groupe Retrouver Nice

Tribune parue le 28 septembre 2022 dans Nice Matin